Nous sommes partis par une magnifique journée d’hiver. Quelques archers en recherche de belles sensations sur les crêtes du Jura.
La neige fraîchement tombée permettait une avance sans raquettes à neige, la neige crissait sous nos pas.
Équipés très chaudement avec une très bonne dose de motivation, émerveillés par les sapins féériques et le silence des espaces vierges, nous avançons arc en main à la recherche de beaux spots et de tirs à longues distances!
Ce ne sont pas les possibilités qui manquent, mais attention aux flèches qui glissent sous la neige! il est rare de les trouver à l’endroit où elles sont entrées sous le manteau neigeux…
Bien observer la trace et aller fouiller avec une autre flèche quelques mètres plus loin, là on retire le fût enseveli avec joie et délectation!
Nous travaillons ensemble les postures et la gestuelle: le bras d’arc bien dans l’alignement de la flèche, tenir le point en arrivant précisément à l’ancrage…
C’est magique de sentir le tir à l’arc de cette manière et de le partager aussi simplement.
les cordes claquent, le bois des arcs travaillent, le froid comprime les muscles et les doigts s’engourdissent. la joie se lit sur les visages malgré les efforts.
C’est une occasion rêvée de faire des tirs à longue distance, chacun choisit à son tour un but qui se situe à au moins 60 mètres du pas de tir. C’est à celui qui dépose sa flèche le plus proche de la cible qui décide du prochain but; après il expliquera aux autres archers sa démarche et jusqu’à quel hauteur il élève son bras d’arc, afin que le trait décrive sa juste parabole sur la cible atteinte.
La lumière change, le soleil vient mettre sa touche et nous fait voir cette nature sous son plus bel aspect, le bleu du ciel nous donne de l’énergie, nous marchons sans but et nous sommes heureux d’être là, vivant, dans la joie du moment, un peu comme des bêtes sauvages en pèlerinage vers une autre contrée, une sorte de transhumance…
J’aime ces moments partagés avec les autres, nous redevenons simples et attentifs.
le rapport humain est essentiel à l’épanouissement des hommes sans chercher aucune performance, nous partageons nos expériences et nous nous observons tirer sans aucun jugement. Au contraire l’œil avisé de certains permet d’ajuster un geste mal accompli ou une visée aléatoire, nous avons encore tout à apprendre de l’autre, le tir à l’arc instinctif est une éternelle remise en question, celui ou celle qui croit être arrivé est en réalité en chemin ou en voie de l’être.
Retour à la cabane après cette partie de chasse dans la neige, nous avons faim et nous nous réjouissons d’allumer le feu dans le poêle, de boire un verre à la santé éternelle des archers, de remercier notre belle nature pour ses dons, puis de satisfaire nos appétits gourmands autour d’une fondue crémeuse!
Pura Vida à toutes celles et à tout ceux qui ont envie d’aimer la vie et de la célébrer!
Olivier Grieb