Bois précieux en archerie
Le choix des bois pour la fabrication des branches est essentiel dans la facture d’arc, autant pour la fabrication des arcs massifs que pour le lamellé-collé. Intéressons-nous aux poignées d’ arcs, qu’elles soient recourbées ou droites .
D’un point de vue fonctionnel, la stabilité de l’arc est primordiale lors de la décoche . Un arc idéal aura des branches légères et une poignée massive . La poignée compense un bras d’arc instable, d’où la difficulté du tir avec un Longbow qui ne pèse guère plus que 600 gr.
Le facteur d’arc va orienter son choix sur des essences à forte densité, aux teintes harmonieuses et à faible valeur tannique (pour la facilité des collages). Il a aussi la possibilité de prendre des bois indigènes, qui ont l’avantage d’être plus avantageux et faciles à trouver .
Un bois précieux est un bois qui possède une grande valeur commerciale, qu’il s’agisse d’espèces rares destinées à des usages spéciaux, de pièces d’excellentes qualités qui ont des veinages uniques ou des particularités telles que des loupes, du bois échauffé ou des dessins particuliers (bois ondés).
Parmi les essences indigènes, peu de bois sont suffisamment denses pour être manufacturés dans une poignée, surtout pour un arc supérieur à une puissance supérieure à 40#. Néanmoins, quelques uns ont ma préférence, le buis, pour son grain serré et sa couleur claire, le noyer est sublime et offre de magnifiques surprises lors de son élaboration, le cytise aux couleurs chocolatées et aux cernes bien marquées s’offre magnifiquement à la sculpture de la poignée . D’autres bois que je n’ai pas encore travaillé attendent d’être connus, le cornouiller, le robinier, le cormier. Associés à des renforts en fibre de verre comprimés (G10) ou à des empilements de fibres colorées ajoutent au bois de la solidité et du poids.
Entrons maintenant dans le domaine des bois exotiques utilisés en lutherie, coutellerie, marqueterie ou placage, ils font le bonheur des créateurs. Grâce à leurs couleurs, leurs grains très fins pour certains et leur dureté, ils s’emploient à merveille pour la facture d’arcs sur mesure . Ils se laissent sculpter, former et assembler pour devenir des poignées ergonomiques et résistantes à la flexion d’arcs très puissants.
les artisans ne consomment que de de très faibles quantités de bois . A ce sujet, il est bon de savoir qu’une grande partie des exportations en bois tropicaux proviennent de coupes illégales . L’Afrique, l’Asie et l’Amazonie entre autres en font les frais . La mise en culture de zones forestières pour les plantations de bananes, café, cacao et autres fruits exotiques que nous consommons journellement est une conséquence dramatique à la déforestation .
Nous avons principalement 3 familles de bois exotiques parmi les plus connues: les ébènes, les palissandres et l’acajou .
Parmi les ébènes, celui de Macassar aux teintes brunes foncées et striées, des Philippines aux motifs sublimes ou du noir profond de l’ébène du Gabon, mon choix va vers la pièce unique et sans fente, il est difficile parfois d’obtenir le morceau choisi et difficile de s’en procurer à des coûts raisonnables. Le palissandre de Santos a une robe qui varie selon la grume, du clair au foncé, j’aime bien le travailler, car il ne pose pas de complications au collage, il révèle à la fin du travail des veines claires, foncées, contrastées, superbes et irrégulières .
A la longue, exposés à la lumière, les bois vont se foncer, lors de la commande de l’arc, le client choisit l’aspect de sa poignée, il est important de considérer cela, aller vers un arc aux teintes claires ou plutôt vers des teintes d’aspects sombres, est un choix esthétique personnel .Le cocobolo, essence africaine dalbergia aux teintes rougeâtres est très agréable à travailler, il émane de ce bois une odeur parfumée et en plus,il donne de très beaux résultats .
Le bois de violette, proche des palissandres est assez rare à obtenir, j’en ai fait de belles poignées de Longbow .
Le zébrano avec ses rayures foncées et son duramen clair est encore bien présent sur les comptoirs de bois précieux .
Hélas, le prix de ces essences est souvent très cher, voire exorbitant. Par chance on peut trouver de beaux carrelets chez de vieux tourneurs sur bois ou chez des luthiers qui acceptent de nous en vendre de rares pièces.
Pour faire faire face aux coûts et à la rareté des bois précieux, bon nombre de facteurs d’arcs font appel aux résines de bois synthétiques appelées phenolic wood ou action wood, elles sont un empilement de fines plaques de bois comprimées et noyées dans une résine . On peut les choisir selon des teintes précises, imitant trop régulièrement les veinages naturels . Plusieurs facteurs d’arcs expérimentent avec succès la stabilisation des bois comme les couteliers.
Je ne les utilise pas, du moins pas encore, préférant la matière brute et naturelle au synthétique .
Pour résumer cet article, il est important de comprendre qu’il est très difficile d’obtenir ces essences et que souvent il faut composer avec ce que les fournisseurs proposent . L’avenir va vers de plus grandes restrictions quant aux exportations de bois précieux, à court terme, notre société parviendra-t-elle à une meilleure gestion des forêts tropicales tout en préservant l’artisanat?
Pour ma part, je reste en admiration sur la beauté des bois que je travaille, je les sculpte avec douceur et respect, je visualise les années et les saisons qu’il a fallu à l’arbre pour accumuler toute la matière ligneuse . je suis persuadé que le travail de l’artisan offre une nouvelle vie à l’arbre!
Hélas, le prix de ces essences est souvent très cher, voire exorbitant. Par chance on peut trouver de beaux carrelets chez de vieux tourneurs sur bois ou chez des luthiers qui acceptent de nous en vendre quelques kilos .
Pour faire faire face aux coûts et à la rareté des bois précieux, bon nombre de facteurs d’arcs font appel aux résines de bois synthétiques appelées phenolic wood, elles sont un empilement de fines plaques de bois comprimées et noyées dans une résine . On peut les choisir selon des teintes précises, imitant laborieusement les veinages naturels .
Je ne les utilise pas, du moins pas encore, préférant la matière brute et naturelle au synthétique .
Pour résumer cet article, il est important de comprendre qu’il est très difficile d’obtenir ces essences et que souvent il faut composer avec ce que les fournisseurs proposent . L’avenir va vers de plus grandes restrictions quant aux exportations de bois précieux, à court terme, notre société parviendra-t-elle à une meilleure gestion des forêts tropicales ?
Pour ma part, je reste en admiration sur la beauté des bois que je travaille, je les sculpte avec douceur et respect, je visualise les années et les saisons qu’il a fallu à l’arbre pour accumuler toute la matière ligneuse . le travail de l’artisan n’offrirait-il pas une seconde vie à l’arbre coupé ?
L’if d’Europe, taxus baccata.
L’if, souvent confondu à tort avec le cyprès, car apparaissant également dans les cimetières, mais d’une silhouette et d’une texture complètement différente (le cyprès est élancé de forme ovale, l’if ébouriffé, est de forme plus anarchique).
Réputé pour son bois terriblement nerveux à fibres longues, ces dernières lui confèrent des qualités peu communes de souplesse et de résistance. il surpasse le noisetier, l’orme ou le frêne.
L’arc en bois d’if fut une arme mythique et légendaire depuis l’antiquité jusqu’à aujourd’hui.
Victime de la qualité de son bois et de sa mauvaise réputation d’arbre aux propriétés toxiques, il est devenu rare et se cantonne principalement à la hêtraie sapinière en milieu montagnard, ainsi qu’aux parcs urbains. Je dirai même qu’il se plait à merveille au fond des vallons abrupts, gorges sauvages ou le torrent gronde…
Autrefois, considéré par les Anciens comme précieux et sacré, il fut planté et cultivé. D’ailleurs, les Anglais à l’époque en firent de grandes pépinières pour la fabrication des arcs de guerre. Restant toujours vert, il est associé chez les Celtes, au culte de la mort et à l’éternité ou vie dans l’au-delà. Raison pour laquelle il fut peut-être implanté dans les cimetières. Mais de la mort il est aussi le symbole, car il est connu qu’il peut la donner ! Attention aux propriétaires de chevaux ! Car il semblerait que sa toxicité s’exercerait de manière bien plus aigüe que sur tout autre animal. En tout cas, les accidents mortels qui lui sont imputables ont longtemps défrayé la chronique; 500g de son feuillage suffit à tuer un équidé.
Mais, la connaissance moderne dans sa sagesse a compris que sa toxicité est avant tout une question de dosage. Nos plus grands poisons végétaux peuvent donner d’excellents remèdes. C’est ce qui arrive aujourd’hui avec l’if, puisque l’on en extrait le glucoside, base de médicaments capable de contrarier le développement des cellules malignes responsable des cancers…
If de ippus en latin et ivin celtique, Eibe en allemand et yew en anglais, ce fossile déborde de vie. Il se reproduit à vingt ans et peut vivre plus de mille ans ! Cette vitalité se manifeste par les tailles excessives que l’arbre supporte et par le fait qu’il est le seul de nos conifères qui repousse de souche. Cet arbre vénérable fait chambre séparée : on a monsieur If et madame if.
L’if ne monte guère au-delà de 1200 mètre d’altitude, il affectionne l’air humide océanique, il ne dépasse pas les 20 mètres de hauteur, il a des airs tourmentés, tordus remplis de nœuds et une écorce souvent bosselée qui pèlent en longues lanières lorsque le troisième âge vient… En Suisse, il est présent sur le Plateau et le Jura et dans l’est du Pays. Le plus vieux spécimen se trouve à Crémines dans le canton du Jura.
Son bois de couleur rouge vineux rend les arcs fabriqués de sa « chair » tout simplement magnifiques ! Au début du travail, la couleur reste d’un rose discret et délicat, puis avec le temps la teinte évolue vers quelque chose de plus sombre et mature. Le dessin de ses veines est toujours irréguliers, entremêlé de nœuds et de taches grises. Il est de nature rebelle et imprévisible, on croit le dominer et sans qu’on se doute, il crée la surprise, se tord, se voile, fait apparaître un défaut là ou l’on s’attend le moins ! Alors on le maudit et on recommence, n’est-ce pas là, la passion ?
Sur un plateau d’if sélectionné, une petite partie pourra entrer dans la facture d’arc, le solde finira à la cheminée ! Quel gâchis, vous me direz, mais c’est le pain quotidien de tout bon facteur d’arc. C’est pour toutes ces raisons qu’un arc œuvré en if coûte cher, croyez-moi c’est encore peu payé ! Depuis la forêt hivernale enneigée jusqu’au produit fini, il s’en passe de longues années et de longues heures à l’établi !